Les 12 collèges d’Hercule, Marie Bolda-Font

Marie Bolda-Font, mère qui travaille, raconte avec humour son parcours de combattante pour sauver son petit Hercule, héros éreinté par l’institution scolaire.

Marie Boda-Font est certainement un pseudonyme. A part cela, l’auteure assume tout et raconte avec beaucoup d’humour le parcours du combattant – de la combattante, d’ailleurs – qu’elle a traversé pour batailler avec l’institution scolaire…. Et maintenir, coûte que coûte, la tête de son cher Hercule hors de l’eau.

La mère qui bosse, le père en retrait, les couveuses agaçantes, Hercule qui flotte Le décor est planté dès les premières pages et les flèches sont bien aiguisées en direction des mères (les couveuses) qui sacrifient leur vie professionnelle pour devenir les coaches hystériques de leur progéniture… et culpabilisantes pour les mères au travail. Marie Boda-Font, elle, bosse. Cadre supérieure dans une tour de la Défense, elle assume ce choix comme le fait d’évoluer dans un milieu aisé et privilégié. Vient ensuite le parcours scolaire d’Hercule. Là, si vous avez (et vous avez) un enfant qui n’est pas tip top 1er de la classe, vous allez beaucoup rire : rencontres absurdes avec des enseignants qui causent psycho sans trop savoir, psys en tous genres, diagnostics qui font passer les mercredis et les samedis chez des « spécialistes » : orthophonistes, psychomotriciens, psychiatres, même… Vous allez curieusement vous revoir en situation ! Tout ça pour des résultats « bof »… Redoublement, changements d’école, Hercule ne rentre pas dans le moule. On se pose des questions en famille : est-ce génétique ? ça vient de ton côté…. Ou du mien ? Non, dans ce milieu aisé, tout le monde est bon en classe et poussé à l’être… On sent bien que le papa (dit « chef de meute ») n’a pas bien compris ce qu’un rôle paternel implique, mais Marie Boda-Font reste très magnanime (trop ?) avec le dady d’Hercule.

Pas vraiment heureux, Hercule…. Quoique ! L’intéressé, ce cher Hercule, passe par des moments de découragements, puis semble flotter… On comprend que si sa mère se démène du sol au plafond, lui opte pour la tangente à la Papa… Comme quoi, le père a tout de même une influence dans ce schéma. Mon âme féministe s’interroge sur cette propension des femmes/mères à continuer à travers les générations de tout assumer pour protéger les hommes/garçons de tout tracas… Il faudrait quand même les conduire sur les chemins de l’autonomie… C’est un des propos de ce blog.

L’humour… comme andidote ? Ce livre/récit a une qualité : il est très bien écrit. L’auteure avoue son peu de compétences en maths. Je parierais volontiers sur une classe prépa littéraire dans sa jeunesse. Cela aide à traverser cette histoire vraie, volontairement traitée en mode humour. Mais ce mode-là, la lecture finie, laisse tout de même la conviction qu’il y a eu de la souffrance, de la lassitude face à cette non prise en charge d’un enfant différent et au demeurant charmant.

Chez les cadres supérieurs aussi… Enfin, l’ouvrage comporte une révélation qui opère sans doute à l’insu de son auteure. Celle-ci assume pleinement son biotope de cadre supérieure (et tant mieux !). Elle fournit pour toute carte scolaire parisienne un territoire qui tient entre un bout du XVème arrondissement, tout le XVIème arrondissement à quoi s’ajoutent Passy et Neuilly ! Pour un lecteur lambda, c’est de l’ordre de la réserve d’indiens ! Immersion garantie chez les « bourgeois ». Et c’est là que se trouve la révélation : la difficulté scolaire, l’incompréhension avec le système scolaire sont aussi la dure réalité des gens privilégiés, économiquement parlant. Le cliché des gens riches qui préserveraient leur progéniture dans des établissements privés, qui auraient un niveau académique leur permettant d’aider leurs enfants à la maison et la capacité d’influence (supposée) de s’imposer …. TOUT cela vole en éclat… Et c’est finalement très intéressant et révélateur du malaise qui souvent s’installe dans la relation famille / école.

Lisez « Les douze collèges d’Hercule »… dont on aimerait bien connaître, d’ailleurs, le parcours… en enseignement supérieur ?

« Les douze travaux d’Hercule », Mareuil éditions, 2015, 17 €

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