Ecriture cursive des enfants : un savoir faire capital de la main

écriture cursive enfants main

Nous devons être attentifs à l’acquisition de l’écriture cursive par nos enfants. Bien écrire, c’est lier main, geste, langue et pensée. Bien écrire, c’est être lisible, c’est gagner en vitesse et pouvoir suivre rapidement un cours. L’écriture à la main, c’est aussi un marqueur de notre identité… Une belle écriture, c’est à la fois pour son estime personnelle et sa communication avec les autres, un geste important de la vie en société. Bref, c’est super important.


Ecriture de George Sand @Musée Victor Hugo
 

Vous me lisez sur cette page virtuelle, sur ce blog qui n’a pas d’équivalent papier. J’écris cet article au clavier. Rien à cela d’étonnant… et pourtant.

Ne plus reconnaître sa propre écriture !

Récemment, je me suis aperçue, en prenant des notes à la va-vite, que je ne reconnaissais plus mon écriture. Elle avait tant changé à force de ne rédiger qu’au clavier que l’incorporation du geste (au sens littéral des termes) s’était effacée. Si vous en faites le constat, une belle expérience s’offre à vous.
Retrouvez dans vos tiroirs un stylo plume (ou offrez-vous en un, ce moment mérite du bon matériel). Choisissez votre encre et allez-y. Si aucun texte ne vous vient, (poème appris dans votre enfance ?), recopiez quelque chose. Et là : durant plusieurs séances, vous allez progressivement « voir » revenir votre écriture. Il est fréquent que des souvenirs remontent à cette occasion. Votre graphie sera un peu modifiée… La manière de faire les « t », de dessiner vos capitales… Mais c’est là, enfoui en vous. Vraiment essayez !!!

L’importance de l’écriture manuelle pour nos enfants

La grande tendance éducative du tout clavier et maintenant de la « tablette » est envahissante. Comme toutes les nouvelles technologies qui s’imposent, ne prenant jamais en compte l’opportunité de la cohabitation. Oui aux tablettes. Mais un grand OUI à l’usage des mains, à la manipulation avec les doigts, à l’expérience tactile. La vraie, celle-là : le doux, le rugueux, le mouvement, les sons associés… Bref, le sensoriel si important pour le développement psychologique de l’enfant.

Apprendre à écrire ; construire, déconstruire, s’identifier

Les trois verbes ci-dessus montrent qu’écrire n’est pas simplement un geste technique à acquérir. Il s’agit de s’exprimer au monde. Il faut, certes, apprendre la codification commune pour se faire comprendre. L’écriture cursive débute par des lettres seules à seules, puis on les relie (symbole !). Tout cela prend déjà du sens… La confiance acquise dans l’exercice contribuera aussi à ne pas avoir peur des dictées. Avec le temps et l’adolescence, chacun(e) passe par sa phase « cochon ». Puis aussi – parce qu’il faut écrire vite en classe – une écriture moins académique. Après cette déconstruction qui a ses vertus : encore un peu de temps et l’écriture personnelle émerge, bien présente, assortie rapidement de la graphie de la signature.

Ecrire à la main n’est donc pas anodin…

C’est une part de notre identité, c’est d’ailleurs agréable à pratiquer, cela permet d’écrire des mots doux beaucoup plus intéressants et forts qu’une carte virtuelle cliquée par email avec un chaton « fluffy » qui vous envoie des bisous…

Bref, à l’ère digitale, Il est crucial de donner du sens à nos mains, à notre capacité depuis 6000 ans de transmettre de l’information en dessinant des signes qui sont autant de mots, de chiffres, de pensées, de concepts, de déclarations, de discours…

Les manuscrits anciens de la Bibliothèque nationale de France !

Je vous propose cette découverte incroyable : les manuscrits sur le site « Gallica » de la Bibliothèque nationale de France (BNF).
Non seulement vous allez passer des heures sur ce site (tapez votre patronyme, c’est amusant), mais vous allez, de chez vous avoir accès aux manuscrits précieux conservés en France. Il existe aussi de collectionneurs de lettres de personnages célèbres, on les appelle les « autographiles » !

Dans l’histoire de l’humanité, l’écriture cursive, construit les esprits, la pensée

dit beaucoup d’un caractère. Quand on est petit cela demande un effort, de la constance, de la patience… Ce qui est loin de la proposition qui est faite aux enfants aujourd’hui. Mais n’oubliez pas : c’est certainement l’un des plus beaux cadeaux que l’on puisse transmettre à un enfant. Et si vous connaissez des parents qui, par la vie, n’ont pas cette maîtrise fondamentale, prenez le relai, aidez un enfant de votre quartier à savoir écrire !

La beauté des écritures anciennes

La Bibliothèque historique de Paris a mis en ligne 76 manuels de maîtres-écrivains parisiens publiés de 1560 à 1840.

Attestés dès le XIIIème siècle en France, les maîtres-écrivains se stabilisent sous la forme d’une corporation à Paris à partir de 1570.
Ils ont alors une double mission : être des experts en écriture, appelés lors de litiges ; et apprendre à lire et à écrire à des jeunes enfants et des adultes, contre une rémunération. Très vite, les maîtres-écrivains sont à l’initiative d’une production éditoriale inclassable : leurs manuels d’écriture, réalisés en collaboration avec un graveur.
Ces manuels sont tour à tour des exercices de style attestant de la virtuosité du professeur, des outils de normalisation de l’écriture puis, progressivement, de véritables méthodes pédagogiques. Conçu comme un objet promotionnel, la vente de manuels permet aux maîtres-écrivains de compléter leurs revenus et de se démarquer dans un marché de l’instruction de plus en plus concurrentiel.
Ce métier finit cependant par disparaître sous la Révolution, les maîtres-écrivains étant progressivement intégrés aux maîtres d’école.

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